Genève: la gauche défend le salaire minimum pour les jobs d'été
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A Genève, les partis de gauche et les syndicats ont lancé mercredi la campagne "Contre la précarité étudiante, pas touche au salaire minimum", contre un projet de loi adopté par le Grand Conseil fin octobre. En votation le 8 mars, ce projet vise à exempter les jobs d'été étudiants du salaire minimum.
"Avec la nouvelle loi, moins 25% sur le salaire minimum. Profitez des étudiants pour moins que rien!" Cette fausse annonce publicitaire a retenti dans le hall d'Uni Mail mercredi, alors que les syndicats présentaient leur campagne devant la presse. Avec ce projet de loi, "le Grand Conseil a mené une attaque frontale", a déclaré Davide de Filippo, président de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS).
Pour la droite, l'introduction du salaire minimum à Genève en novembre 2020 avait eu pour conséquence de raréfier les emplois d'été. Elle avait donc proposé ce projet de loi adopté le 30 octobre, pour diminuer le salaire des jobs d'été étudiants de 25%. Un salaire mensuel pour 41 heures de travail hebdomadaires passerait ainsi de 4349 francs à 3182 francs.
Salaire nécessaire
Margot Wohnlich des Jeunes Vert-e-s a dénoncé un projet "discriminatoire", qui fixe le salaire au niveau du statut de la personne et non du travail effectué. "Ils ne seront plus payés par rapport aux fruits de leur travail, mais sous-traités à cause de leur statut d'étudiant", a ajouté Luca Califano, des Jeunes solidaires.
"Pour la plupart des étudiants, la précarité est déjà un mode de vie", a souligné Coralie Cabibbot, représentante du syndicat des Hautes écoles spécialisées. Elle souligne que les bourses sont souvent versées à la fin du semestre: "entre-temps, on vit dans l'incertitude". Selon Zora Holzer, secrétaire de la Conférence Universitaire des Associations d'étudiants (CUAE), ces bourses atteignent 16'000 francs par année, "ce qui ne suffit pas pour vivre".
Coralie Cabibbot a aussi rappelé que les taxes d'études pour les hautes écoles ont augmenté en septembre. Et a dénoncé un agenda "très strict", qui ne permet pas aux étudiants de travailler plus en semaine. Ainsi, même si la diminution du salaire minimum ne concerne que les jobs d'été, "les vacances scolaires sont les seuls moments où on peut travailler" et économiser assez pour attendre les bourses.
Ce projet de loi cible particulièrement les personnes qui recommencent des études ou qui n'ont pas de parents aisés pour financer leurs études, selon Zora Holzer. "Selon l'Office fédéral de la statistique, les activités rémunérées représentent 42% des revenus des étudiants." Des revenus dont la proportion augmente avec l'âge: "à partir de 26 ans, près d'un étudiant sur cinq travaille à plus de 60%" a-t-elle ajouté.
Statistiques "pas fiables"
Luca Califano craint également que cette loi ne mène à un dumping salarial, pour remplacer les travailleurs par des étudiants moins chers. "Economiser 25% d'un salaire en été, c'est non négligeable pour les patrons", abonde Davide de Filippo. Selon lui, "la réelle volonté du patronat est de s'attaquer au salaire minium. Il s'en prend aujourd'hui aux étudiants, mais n'hésitera pas à s'attaquer aux autres demain."
Au Grand Conseil, la droite avait justifié ce projet de loi par un sondage effectué par la Fédération des Entreprises romandes (FER), qui indiquerait que les jobs d'été ont diminué depuis la mise en place du salaire minimum. Davide de Filippo qualifie le sondage de "propagande patronale". Selon lui, le nombre de réponses au sondage était insuffisant pour produire des statistiques fiables.