Le Gouvernement jurassien s'inquiète pour le futur du laboratoire Mont Terri
Science
Le Gouvernement jurassien dénonce "une approche strictement budgétaire, optant pour la facilité" de la part de swisstopo, qui réfléchit depuis quelques mois à un désengagement du laboratoire souterrain du Mont-Terri, à Saint-Ursanne. L'exécutif répond ainsi à une question écrite de Pierre-André Comte.
Le député socialiste revenait sur une information rendue publique début mai. L'Office fédéral de la topographie serait à la recherche d'un autre organisme pour reprendre l'exploitation du site. La gestion pourrait être confiée à un tiers en dehors de l'administration fédérale, avec un retrait envisagé pour le 31 décembre 2026.
Dans sa réponse, le Gouvernement jurassien "regrette cette décision qui met en danger une infrastructure de recherche de niveau international active dans des domaines essentiels pour l'avenir, comme l'entreposage définitif de déchets radioactifs ou encore pour le captage et stockage de CO2".
Il explique avoir été informé par la Confédération "sans préavis, malgré une convention de partenariat en vigueur depuis plus de quinze ans dans laquelle le principe de coopération est inscrit".
"Neutralité de la recherche" en jeu
L'exécutif a écrit au conseiller fédéral Martin Pfister et a rencontré la direction de swisstopo le 15 mai dernier. Selon le Gouvernement, cette dernière a "privilégié une approche strictement budgétaire, optant pour la facilité en se retirant de ses responsabilités de gestion".
"Ce sont la neutralité de la recherche et la crédibilité du laboratoire sur la scène internationale qui sont compromises avec ce retrait", estime encore l'exécutif. Selon lui, ce désengagement est difficilement explicable d'un point de vue financier.
Il représente "à peine 2 millions d'économies annuelles pour la Confédération", alors que 120 millions ont été investis par les partenaires pour la recherche depuis 1996. Le Gouvernement espère que le changement récent à la tête du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) permette "une réévaluation plus cohérente de la stratégie fédérale dans ce domaine".
Un groupe de travail chargé de suivre l'évolution de la situation et de maintenir une pression sur la Confédération a été mis en place début juin. Les élus jurassiens aux chambres fédérales pourront aussi relayer les inquiétudes du canton.
Le laboratoire du Mont Terri est aujourd'hui un centre de recherche sur le stockage en couches géologiques profondes internationalement reconnu. Il sert exclusivement à des fins de recherche. Il n'est pas question d'y stocker des déchets radioactifs. Une convention entre le canton, propriétaire du site, et la Confédération exclut tout entreposage.
Depuis 2011, les recherches menées par swisstopo portent aussi sur le stockage géologique du gaz carbonique dans le sous-sol, une thématique d'une grande actualité avec le réchauffement climatique. Des autorisations d'exploitation sont octroyées à l'Office fédéral de la topographie.