Mercenaire suisse en Ukraine condamné à 1,5 an de prison avec sursis
Sursis pour un mercenaire suisse en Ukraine
Un Schaffhousois accusé d'avoir servi comme mercenaire en Ukraine écope d'un an et demi de prison avec sursis. Le Tribunal militaire 2 en a décidé ainsi jeudi à Meilen (ZH), à l'issue d'un procès dont le principal intéressé était le grand absent.
Dans leur jugement, les juges militaires ont reconnu l'homme âgé de 49 ans coupable de service pour une armée étrangère durant au moins un an. Ils l'ont condamné à un an et demi de prison avec sursis.
La Cour n'a pas suivi l'auditeur (procureur militaire) qui avait requis une peine ferme de six mois. Elle n'a pas non plus prononcé l'acquittement que la défense avait demandé, par manque de preuve, selon elle. Les juges ont assorti la peine prononcée d'un sursis pendant quatre ans, car il s'agit de son premier délit militaire.
Reportage de la TV alémanique
Le ressortissant suisse avait indiqué lui-même à plusieurs médias qu'il avait combattu avec une troupe de mercenaires en Ukraine contre les forces militaires russes. Selon l'acte d'accusation, il y a servi de février 2022 à décembre 2024, au moins.
À travers ses déclarations lors d'un reportage de la télévision alémanique SRF en Ukraine, l'accusé a montré lui-même qu'il offrait ses services à une armée étrangère, a invoqué le président du tribunal. De plus, des photos diffusées sur Instagram, des articles journalistiques et le fait que le prévenu figure sur une liste d'Europol contenant les noms de 573 possibles mercenaires internationaux en Ukraine constituent autant d'indices supplémentaires.
On ne peut pas décider de soi-même de servir comme soldat pour une armée étrangère, a souligné l'auditeur durant le procès. Une telle activité est punissable en Suisse, même lorsqu'elle est exercée pour des raisons humanitaires.
Un mythomane, d'après sa mère
Selon l'avocate de l'accusé, il n'existe aucune preuve objective que son client ait pris part à des combats ou se soit trouvé au front. Les déclarations de l'accusé sont à mettre en doute, a-t-elle fait valoir en vain. "Même sa mère ne croit rien de ce qu'il dit."
Cette dernière a témoigné à la barre. Elle a dressé le portrait d'une personne "difficile". Aucun diagnostic n'a jamais été posé, mais "il n'y a pas besoin de médecin pour savoir" que quelque chose ne va pas chez lui, a-t-elle déclaré.
Dans le passé, les médecins ont évoqué une schizophrénie, puis une double personnalité, selon les propos de sa mère. Entre 2014 et 2017 il a purgé une sanction pénale commuée en thérapie stationnaire en clinique à la suite de condamnations pour d'autres délits.
Le prévenu ne dispose d'aucun certificat scolaire et n'a achevé aucune formation. Il a même jeté l'éponge à l'école de recrues, deux semaines avant sa fin. En revanche, il a toujours aimé les armes et s'est toujours illustré comme mythomane , a souligné sa mère.
Domicilié en Israël depuis sept ans
L'accusé habite en Israël depuis sept ans, selon sa mère. Lorsqu'il y a emménagé, le prévenu a vidé le compte bancaire de sa mère, a déclaré cette dernière. Elle a porté plainte contre lui dans un premier temps, mais l'a finalement retirée "pour tourner la page".
Le prévenu a refusé de se déplacer à Meilen (ZH) pour prendre part à son procès. Il n'a pas non plus répondu à un questionnaire que lui avait envoyé le juge d'instruction militaire. Il s'agissait du premier procès en Suisse d'un mercenaire ayant combattu pour l'Ukraine.