Genève: 20 millions pour protéger les recycleurs des incendies
Gestion des déchets - GE
Le Grand Conseil genevois débloque 20 millions de francs pour aider les entreprises de recyclage à mieux se protéger contre les risques de départs de feu en raison de la présence de batteries au lithium dans les déchets. Les députés ont voté vendredi à une très large majorité une loi en ce sens.
Ce texte interparti a été accepté par 63 voix contre 2 et 18 abstentions. Les recycleurs contribuent à atteindre les objectifs de durabilité du canton, a souligné le député du Centre François Erard. Ces entreprises recyclent chaque année plus de 500'000 tonnes de déchets, assumant ainsi "une tâche régalienne", selon le centriste.
Mais ces recycleurs sont en grande difficulté en raison de la multiplication des incendies dans les centres de tri. En cause principalement: les piles et les batteries au lithium qui peuvent exploser ou s'enflammer en cas de choc. A Genève, Serbeco a subi un gros incendie en juin 2023 et un autre en août 2024.
Selon M. Erard, les primes d'assurance ainsi que les franchises augmentent suite à ces incendies à répétition. Contrairement au canton de Vaud, Genève n'a pas d'établissement cantonal d'assurance-incendie, obligeant les recycleurs à se tourner vers des assurances privées.
L'objectif du projet de loi est d'aider les recycleurs à limiter les risques en trouvant des solutions innovantes. Il s'agit notamment d'installer des caméras thermiques, des systèmes d'alerte ou d'arrosage à haut débit. Selon le Grand Conseil, 20 millions de francs devraient permettre d'équiper la plupart des entreprises avec des système de détection et d'extinction efficaces.
Demande de transparence
Très remonté contre ce projet de loi, le conseiller d'Etat en charge de Département du territoire (DT), Antonio Hodgers a fustigé le manque d'auditions approfondies sur ce sujet. "D'où sort ce chiffre de 20 millions?" s'est-il interrogé. Sur le fond, le magistrat dénonce une logique de "collectivisation des pertes et une privatisation des bénéfices".
Le chef du DT a aussi fustigé le manque de transparence de la part des entreprises de recyclage. Son département a demandé à plusieurs reprises un accès aux comptes de ces sociétés afin de mieux comprendre leurs difficultés par rapport aux charges liées aux assurances. Mais elles ont toujours refusé, a-t-il indiqué.
Antonio Hodgers, qui quittera le gouvernement fin octobre, ne sera plus là pour élaborer le règlement qui doit préciser les modalités d'octroi, de contrôle, de remboursement et de sanctions.